Fédération de la Somme pour la Pêche et la protection du milieu aquatique
PIT-tracking
Après plusieurs années d'étude, la situation de l'anguille sur le bassin de la Somme commence à être mieux appréhendée. Néanmoins la récolte de données se heurte à la qualité et à la pertinence de celles-ci (efficacité de piégeage des dispositifs, efficacité des inventaires piscicoles...). De la même façon, d’autres aspects relatifs à chaque stade de vie restent encore mal connus. Par exemple pour la phase de grossissement, plusieurs questions se posent concernant la croissance ou la mobilité au cours de la vie d’un individu.
Dans ce cadre la Fédération de pêche a entrepris un vaste programme de marquage d’individus à partir de 2014. La technique utilisée est la technologie RFID via l’insertion de puces codées (pit tag) dans l’abdomen des sujets. Cette méthode de marquage à l'avantage d'être fiable et à durée illimité dans le temps, contrairement à d'autre technique. 
L’objectif initial du programme est d’observer si des individus marqués lors d’inventaires piscicoles, sont retrouvés dans la même zone lors des pêches réalisées durant les années suivantes. La bibliographie indique qu’une partie importante des anguilles jaunes aurait un comportement sédentaire et ne se déplacerait que sur de courtes distances lors de leur phase de grossissement (comportements décrits par Feunteun et al (2003)).

Le marquage
En fonction de la taille des émetteurs, le marquage peut se faire de deux façons : pour les PIT-tag de 12 mm, un injecteur permet d’insérer l’émetteur sous la peau de l’individu ; pour les PIT-tag de 23 et 32 mm, une intervention chirurgicale est nécessaire avec la pose de deux points de suture. Ces opérations ont été réalisées par le personnel du bureau d’étude Profish, assigné d'une formation vétérinaire qualifiante pour ces manipulations. Avant de marquer un individu, une biométrie complète est effectuée (taille, poid, calcul d'argenture), afin d'évaluer si l'anguille est suffisamment developpée pour accueillir un PIT-tag. Au total, depuis 2017, 308 anguilles ont été marquées sur l'ensemble des sites suivis par la fédération. 

Le suivi 
Le matériel utilisé (Biomark) a été fourni par le bureau d’étude PROFISH Technology. Le pistage s’effectue à l’aide d’un lecteur RFID relié à une antenne portable. L’opérateur qui manipule l’antenne mobile balaie différents segments du cours d'eau afin de localiser les anguilles marquées par PIT-tag. Chaque poisson marqué pourra être détecté dans un rayon de 10 à 25 cm de l'extrémité de l'antenne pour un émetteur de 12 mm et jusqu’à 80cm pour un émetteur de 32mm en fonction de l'orientation du PIT-Tag. Le substrat ou les branchages n’interfèrent pas dans les détections. Les données de détection (date, heure, identifiant du PIT-Tag et les coordonnées GPS) sont enregistrées dans la mémoire interne du lecteur et téléchargeable via USB ou Bluetooth grâce à un logiciel spécifique.

Les résultats 
La très grande majorité des individus a été détectée en berge au niveau de zones végétalisées (iris, baldingère, faux cresson) ou des banquettes de vases. Les localisations des anguilles observées sont distantes de quelques mètres seulement.
L’historique des suivis en PIT-tracking nous permet maintenant d’observer qu’une partie importante des individus capturés en pêche électrique se sédentarise sur des secteurs précis. En effet, sur chaque station, des sujets sont détectées plusieurs années de suite et recapturés lors de pêche électrique. Certaines anguilles marquées en 2016 sont recapturées ou détectées lors d’inventaires réalisés en 2020. Cependant ces observations dépendent fortement du milieu d’accueil. Cet élément se confirme sur l'une des stations de suivi soumise à une pression de pêche importante ainsi qu'à différentes activités anthropiques (présence de jardin potager tout le long du linéaire),où l'ont retrouve le taux de détection le plus faible. De la même façon, la qualité de l’eau semble être un paramètre important quant à la sédentarisation des sujets en phase de croissance. En effet, sur un secteur suivi depuis 2017, seulement une anguille marquée a pu être localisée, pouvant s'expliquer hypothétiquement par une dévalaison en masse vers la Somme suite à une pollution importante aux fongicides ayant eu lieu quelques mois auparavant.